Arnaques

Arnaques sur les vins de Bordeaux

Arnaques sur les vins de Bordeaux Roger Geens condamné à payer 470 000 euros

C’est la suite d’un feuilleton judiciaire qui dure depuis 14 ans : le 29 juin dernier, l’homme d’affaires belge Roger Geens, jugé à Bordeaux pour avoir revendu des millions de bouteilles de vins frelatés sous de fausses appellations, a été relaxé dans le volet pénal de l’affaire, uniquement en raison de son état de santé. En revanche, il a été condamné à verser des dommages et intérêts aux parties civiles, notamment à l’UFC-Que Choisir.

Tromperie sur l’origine, la composition, l’identité de la marchandise, faux et usages de faux, falsification de boissons, infractions douanières et fiscales… C’est le plus vaste trafic de vins jamais mis au jour dans le bordelais. Pendant plusieurs décennies, le réseau, mis en place par l’homme d’affaires belge, Roger Geens, a inondé  toute l’Europe du Nord de millions de bouteilles portant de fausses appellations. Richissime propriétaire d’un millier d’hectares et de dizaines de châteaux dans le Sud-Ouest, il avait organisé un système de vases communicants entre ses différents domaines, visant à utiliser les excédents de production de ses appellations mineures, interdits à la commercialisation, pour alimenter les plus prestigieuses. Sans aucun respect pour les AOC, les millésimes, ou la qualité du vin, il n’hésitait pas à orner ces bouteilles de distinctions et autres médailles factices. Plus grave, son entreprise avait recours à toute la panoplie des traitements chimiques disponibles pour maquiller les cuvées et tromper les consommateurs. Au cours de l’instruction, Monsieur Munoz, maître de chai du château La Salagre, a ainsi reconnu des essais de dosage de glycérine (autrement dit de l’antigel !) pour qu’un Entre-Deux-Mers du château Bourdicotte devienne un Bergerac moelleux. Il a ajouté avoir utilisé des produits illicites, c’est-à-dire des boisés liquides ou en poudre et des arômes liquides pour le Sauvignon, sur instruction du directeur technique du groupe.

C’est une ancienne salariée de Roger Geens qui, en 2002, a fini par vendre la mèche et dénoncer les pratiques de son employeur. Mais il aura fallu 14 ans d’une procédure interminable avant d’aboutir à cette condamnation. Entre-temps, le prévenu a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Aujourd’hui âgé de 78 ans, il vit dans une clinique à Monaco et n’est plus en capacité de comparaître.

Le procureur de la République s’était néanmoins prononcé contre le renvoi du procès et avait requis« la peine maximale » prévue au titre de l’infraction au code de la consommation, soit deux ans de prison avec sursis. Le 29 juin dernier, le tribunal correctionnel de Bordeaux ne l’a pas suivi sur le volet pénal. En revanche, il a condamné le prévenu à verser des dommages et intérêts aux parties civiles  à hauteur de 470 000 euros : 200 000 euros à la Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB), la plus touchée par cette affaire, selon la présidente de l’audience, 150 000 euros à l’UFC-Que Choisir et 120 000 euros à l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité). Un dédommagement qui semble bien modeste, par rapport au préjudice subi : selon les attendus du jugement, de 1999 à 2002, le groupe Geens a commercialisé plus de 36 millions d’hectolitres de vins frelatés ou coupés, pour une valeur moyenne de 20 millions d’euros !

On peut aussi s’interroger sur les lenteurs inexplicables des justices françaises et belges. Pourquoi l’expertise médicale de Roger Geens n’est-elle intervenue qu’en 2015, dix ans après son AVC ?  Comment expliquer que les mesures conservatoires demandées au juge d’instruction par la Fédération des vins de Bordeaux, afin d’éviter la vente des châteaux du prévenu, n’aient pas été retenues ? « Où sont passés les dizaines de millions d’euros correspondant à ces sommes ? », demandait Yann Le Goaster, directeur de la FGVB au micro de France Bleu Gironde. Autant de questions qui n’auront sans doute jamais de réponses mais qui ne sont pas sans rappeler les affaires liées au groupe Héraclès (gestionnaire des sites de vente en ligne 1855, ChâteauOnline et Cave Privée) qui ont également fait de nombreuses victimes parmi les amateurs de grands bordeaux… et contre lequel l’UFC-Que Choisir a déposé une plainte en 2013 ….

Florence Humbert

source https://www.quechoisir.org/

 

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