Santé

Défiance vis à vis des médicaments générique par Alain Bazot

La lecture de l’article du Parisien publié lundi a de quoi donner le vertige : le quotidien y fait état d’une bien moindre confiance des Français qu’auparavant dans les génériques et indique que les consommateurs ignorent que 80 % des médicaments génériques sont fabriqués en Asie. Comme Jean, Nadia, Denise et Eric, de nombreux internautes se sont indignés des prétendus risques sanitaires induits par ces médicaments à bas coûts. Méfions-nous des explications à l’emporte-pièce et rétablissons plutôt quelques vérités :

Il est trompeur d’opposer médicaments princeps produits en France et génériques fabriqués en Chine ou en Inde. De nombreux princeps sont fabriqués en dehors de l’Union européenne ; et les médicaments fabriqués en France peuvent l’être à partir d’ingrédients importés (c’est par exemple le cas du Doliprane) ! Il est plus trompeur encore d’assimiler médicaments importés et insécurité sanitaire. La provenance, déjà difficile à tracer, ne saurait être une garantie de l’innocuité d’un produit. Faut-il rappeler le triste exemple du Médiator « made in France » ? La sécurité sanitaire exige des contrôles rigoureux, quels que soient le lieu de fabrication et le statut du médicament !

En tout état de cause, il est pour le moins surprenant de constater que la polémique autour des génériques est concomitante à une progression continue depuis 2000 de la part de marché de ces médicaments. Depuis quelques mois, le générique souffre ainsi de tous les maux : effets secondaires, matières premières non contrôlées, sans oublier l’argument tendance de la destruction d’emplois. Les avantages des génériques sont quant à eux largement tus, alors même qu’ ils permettent, dans un contexte des plus contraints, d’alléger les dépenses de l’Assurance maladie, ce qui peut contribuer à éviter de nouveaux transferts de charges sur les usagers. Enfin, la politique actuelle ne fait pas du générique l’alpha et l’oméga puisqu’il faut rappeler la liberté des médecins, qui doit être maintenue, de prescrire des princeps non substituables lorsque la situation d’un patient le nécessite.

Alors oui, je m’étonne de la tournure d’un débat où la passion semble prendre le pas sur la raison. Si la France n’est pas en avance s’agissant de la généralisation des génériques, ce n’est pas en cédant à des explications anxiogènes qu’elle rattrapera son retard. Bref, en matière de génériques, la France ne souffrirait-elle pas d’hypocondrie ?

Source : http://www.alain-bazot.fr/

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