Santé

Une bombe a été lachée par un laborartoire concernant les effets des Organismes Génétiquements Modifiés (OGM)

Les effets des Organismes Génétiquements Modifiés (OGM)

 

Une étude publiée hier a montré que des rats avaient souffert de tumeurs énormes après avoir été nourris avec un maïs génétiquement modifié de la firme Monsanto. Aussitôt, Paris et Bruxelles ont saisi leurs autorités sanitaires respectives afin qu’elles donnent leur vais sur ces travaux. De leur côté, plusieurs scientifiques ont émis des doutes quant à la fidélité de l’étude.

L’étude a fait l’effet d’une bombe, relançant aussitôt le débat autour des effets des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur la santé. Hier, des chercheurs français ont en effet dévoilé des travaux chocs qui affirment que des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong sont apparues sur des rats après qu’ils ont été nourris avec un maïs OGM du groupe Monsanto. Alors qu’aucune étude n’était vraiment parvenue à trancher sur le sujet, celle-ci fournirait ainsi selon les auteurs, la preuve que toute culture de ce type doit être interdite.

Au vu d’une telle annonce, les réactions ne se sont pas fait attendre et Paris et Bruxelles ont immédiatement saisi leurs autorités sanitaires respectives, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) afin qu’elles se prononcent sur les résultats de cette étude. Mais en attendant leur avis, la Commission européenne a d’ores et déjà réagi en gelant l’examen de la demande de renouvellement de l’autorisation de culture accordée à Monsanto pour un autre OGM, le MON 810. Il s’agit d’un des deux seuls OGM dont la culture est autorisée en Europe, l’autre étant une pomme de terre. Bruxelles a promis de « tirer toutes les conséquences » si l’EFSA estime qu’il ressort « des faits scientifiques nouveaux » de cette expérience d’envergure portant sur le NK 603.

De son côté, Paris se dit prêt, en fonction des résultats de l’Anses, à demander à Bruxelles des « mesures qui pourront aller jusqu’à suspendre en urgence l’autorisation d’importation dans l’Union européenne du mais NK 603 ». Rappelons qu’en France, la culture d’OGM est interdite mais les importations elles sont autorisées. Du côté d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) on réclame ainsi purement et simplement « la suspension des importations de tous les OGM ». Cela implique une politique de production des protéines en Europe car « nos bêtes dépendent à 25 à 30% du soja américain » en grande majorité transgénique, a ajouté le vice-président EELV du conseil régional et de la Confédération paysanne François Dufour.

« Une première mondiale alarmante »

La ministre Cécile Duflot a précisé pour sa part que « cette étude alerte légitimement la communauté scientifique » tandis que l’eurodéputé vert français José Bové a lui rapidement salué la nouvelle étude. « Cette étude montre enfin que nous avons raison et qu’il est urgent de revoir rapidement tous les processus d’évaluation des OGM. Par conséquent, je demande solennellement au Commissaire européen John Dalli, chargé de la protection des consommateurs européens, de suspendre immédiatement les autorisations de mise en culture accordées à la variété de maïs MON 810 de Monsanto et à la pomme de terre Amflora de BASF, ainsi que les autorisations d’importer du maïs et soja transgénique », a t-il expliqué cité par l’AFP.

Publiée dans la revue « Food and Chemical Toxicology » et dirigée par le professeur Gilles-Eric Séralini de l’université de Caen (qui est ou a été expert dans 30 pays sur le sujet), l’étude est particulièrement significative en raison de sa durée. En effet l’impact sur la santé d’un OGM et d’un pesticide ont été évalué « plus longuement et complètement que les gouvernements et les industriels » ne l’ont fait (huit fois plus longtemps), pour ses auteurs. Selon ces derniers, il s’agit ainsi d’une « première mondiale, alarmante ». « Les résultats révèlent des mortalités bien plus rapides et plus fortes au cours de la consommation de chacun des deux produits », résume le chercheur.

En effet, sur le total des trois groupes de l’échantillon, les universitaires ont observé une mortalité deux à trois fois plus élevée chez les femelles et deux à trois fois plus de tumeurs chez les rats des deux sexes. « A la dose la plus faible de Roundup [ … ] on observe 2,5 fois plus de tumeurs mammaires », souligne M. Séralini ajoutant : « le crime, c’est que ça n’ait pas été testé avant, que les autorités sanitaires n’aient pas exigé des tests plus longs alors qu’on est à 15 ans de commercialisation des OGM dans le monde ».

Une étude qui manque de précisions

Toutefois, du côté de la communauté scientifique, des questions se posent quant à la manière dont les recherches ont été menées. Interrogé par Sciences et avenir, Gérard Pascal, toxicologue à l’INRA et spécialiste de la question des OGM relève ainsi qu’il n’a jamais vu de telles tumeurs apparaitre sur des rats dans toute sa carrière. « Si l’expérience a été bien faite je n’aurais plus rien à dire. Mais je vous avoue que j’ai du mal à croire que des OGM puissent avoir un tel effet », déclare t-il soulevant plusieurs interrogations. Espèce des rats utilisée, véritable composition de leur régime alimentaire, lieu d’expérimentation, chiffres : selon le spécialiste, l’étude manque de plusieurs précisions qui empêchent de se prononcer réellement quant à sa véracité. Mais « si les résultats se confirment, c’est le scoop du siècle. Et dans ce cas il faudrait interdire les OGM dans le monde entier », assure t-il.

Autre scientifique interrogé, cette fois-ci par le New Scientist, Tom Sanders responsable des recherches en nutrition au King’s College London qui relève le même manque d’informations que le toxicologue français. En outre, il précise également que le maïs OGM utilisé ne semble pas avoir fait l’objet de tests visant notamment à rechercher la présence de champignons alors que ceux-ci peuvent avoir de sérieuses conséquences sur la santé des rats. « Mais encore plus accablant d’un point de vue pharmacologique, l’équipe a trouvé le même effet avec toutes les doses d’herbicide et de maïs. C’est inhabituel puisque quasiment tous les effets toxiques s’aggravent lorsque la dose augmente – c’est même considéré essentiel pour prouver qu’un agent provoque un effet particulier », souligne t-il.

Le débat est donc bel et bien rouvert sur les OGM et si bon nombre se sont déjà prononcés sur la question, le gouvernement attend désormais l’avis des autorités sanitaires avant d’agir. « En fonction de l’avis de l’ANSES, le gouvernement demandera aux autorités européennes de prendre toutes les mesures nécessaires en termes de protection de la santé humaine et animale », ont ainsi assuré Marisol Touraine, Delphine Batho et Stéphane Le Foll, respectivement ministre de la Santé, de l’Environnement et de l’Agriculture.

http://www.maxisciences.com/organisme-g%E9n%E9tiquement-modifi%E9/ogm-les-reactions-se-multiplient-apres-la-parution-de-l-039-etude-choc-art26669.html

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